Située à Ferrières près de Gournay en Bray, la Cidrerie Gavrel appartenait à la famille du même nom. Monsieur Gavrel (père de Jean Eudes qui par la suite était en charge des crêperies via la cidrerie du Clos Pinet) a été durant de longues années président du Syndicat National des Cidriers et dirigeait également un journal local. On raconte que grâce à ses relations, il avait obtenu l’appellation « Calvados » pour le pays de Bray alors que celle-ci était limitée essentiellement à la Basse Normandie (ce qui n’est plus le cas actuellement).
La reprise par Mignard s’est effectuée en 1981 dans le cadre d’une Société Industrielle Coopérative Agricole (SICA) avec deux opérateurs agricoles majoritaires (la CAHN et la COOPCAN, deux coopératives de Haute Normandie qui détiennent 51% du capital conformément à la loi). Le président et le directeur général de Joker assistaient chaque année à l’assemblée générale.
La cidrerie se complétait d’une distillerie avec un chai de vieillissement. Malheureusement la vétusté de l’usine, le non renouvellement du matériel (sauf la presse) et l’évolution de la distribution du cidre ont amené la direction à déposer le bilan. Pour donner une idée du « conservatisme » il suffisait de voir les bureaux pupitres inclinés du personnel de bureaux dont certains avaient encore des manches de lustrine ! Cette entreprise en pays de production de pommes à cidre intéressait le groupe Joker-Mignard ainsi que les coopératives agricoles locales (Coopcaen et Cahn). A noter que j’avais également proposé à Louis Raison (PDG de la cidrerie du même nom) de faire partie du tour de table mais il n’a pas donné suite. Il a fallu négocier assez longtemps avec l’Administrateur judiciaire pour obtenir le feu vert du Tribunal de Commerce. La marque « Conquérant » est devenue raison sociale – « Cidrerie du Conquérant » – et cette cidrerie a fonctionné plusieurs années de façon indépendante avec ses propres marques, l’usine étant dirigée par Dominique Seynave. Malheureusement, l’usine nécessitait de gros travaux d’entretien (notamment la cuverie) et un renouvellement de matériel onéreux qui aurait risqué d’avoir de lourdes conséquences financières pour Mignard. Il est donc devenu nécessaire dans un premier temps de transférer l’embouteillage à Bellot, et par la suite de fermer le site. La marque Conquérant a perduré, essentiellement en collectivités.
Commentaire de Serge Mignard.