Syndicats professionnels

Mon père m’a toujours dit : « Il faut sortir, aller dans les réunions professionnelles voir du monde. On y rapporte toujours quelque chose ! »

SNIC

Encore enfant, il m’emmenait quelquefois aux réunions du syndicat des négociants en vins de Seine et Marne (il y avait deux marchands de vins à Rebais) dont un certain nombre étaient ses clients. Je l’ai accompagné aussi à l’assemblée générale du SNIC (Syndicat National des Industries Cidricoles, 5 avenue de l’Opéra à paris). En 1965, quand j’ai dû reprendre la direction de la cidrerie (tout en restant sous l’autorité d’Ariel), je suis allé aussi souvent que possible aux réunions du SNIC et à celles de l’Union Nationale des Jus de Fruits ou siégeaient entre autres les grands patrons de Pampryl, Joker ou Réa. Les réunions du SNIC étaient quelquefois un peu tendues car nous nous retrouvions entre concurrents. Lorsque j’ai commencé à y assister régulièrement, j’avais 30 ans et de loin le plus jeune. Je n’étais pas toujours à l’aise quand mes collègues me reprochaient de visiter leur clientèle, mais je n’en ai pas toujours tenu compte heureusement. Le SNIC était donc le lieu de rencontre de tous les cidriers et les sujets ne manquaient pas : la réglementation, la fiscalité, l’utilisation des concentrés, l’approvisionnement, le contrôle des prix … En effet il nous fallait l’accord de la Direction des prix (quai Branly) pour pouvoir appliquer des hausses qui se justifiaient généralement par le prix élevé de la matière première (pommes et poires) dans les années de faible récolte. Dans le cadre du SNIC, j’ai pu personnellement régler le problème posé par la capsule congé : la CRD (capsule représentative de droits). En effet, sur le cidre conditionné brut ou sec, il fallait que la coiffe ou la capsule comporte une vignette comme pour le vin ou les boissons alcooliques alors que le cidre doux (et surtout la bière) en était exonéré. J’ai rencontré dans un premier temps le service central des Contributions Indirectes (remplacés ensuite par la Douane) pour leur faire remarquer que cette procédure était une complication administrative pour les entreprises, représentait un coût important, que ce n’était certainement pas rentable pour l’état, que le risque de fraude étant quasi inexistant et que la bière en était exonérée. J’ai obtenu satisfaction bien que certains en doutaient. D’autre part comme la plupart des cidriers nous commercialisions un cidre appelé « tradition » généralement trouble et conditionné en litres 6 étoiles (comme pour le vin des Rochers ou Postillon). Le service de la répression des fraudes et du service de la qualité nous ont interdit cette appellation (il est vrai un peu tendancieuse) mais qui représentait pour nous un volume de vente non négligeable. Après avoir rencontré à plusieurs reprises la responsable du service Madame Filhol, j’ai obtenu que l’on inscrive sur l’étiquette « méthode traditionnelle », ce qui encore une fois a bien rendu service à la profession.

FNB

Chaque année j’allais avec les commerciaux au Congrès de la FNB (Fédération Nationale des Boissons, qui regroupait les entrepositaires grossistes distributeurs de boissons). Cela me donnait l’occasion de rencontrer nos clients parmi les 900 à 1000 participants, mais également d’autres grossistes susceptibles de le devenir un jour. Lorsque le président Laperrière créa le département des boissons gazeuses tout naturellement j’y ai adhéré car nous en fabriquions à Bellot. Après quelques années j’ai remplacé le président Georges Ancel qui partait en retraite. Nous avions des réunions de bureau mensuelles et chaque année un AG qui donnait l’occasion de débattre et retrouver de nombreux grossistes eux-mêmes également fabricants. C’était également l’occasion de rencontrer les dirigeants de grandes sociétés françaises comme Perrier, Volvic, Vichy ou internationales (Coca Cola par exemple). En tant que «président délégué général » du département production j’étais statutairement membre du bureau de la FNB et vice- président. Le congrès annuel de la FNB était l’occasion de faire un exposé pour faire évoluer la profession sur des sujets sensibles, comme les emballages consignés.

ANIEC

Avant la création de l’ANIEC (association interprofessionnelle de l’économie cidricole), la filière cidricole était représentée par la « Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre ». Or du fait d’un verger traditionnel vieillissant et peu renouvelé, des remembrements et de la désaffection de certains propriétaires pour cette ressource en provenance bien souvent de prés vergers dans lesquels paissent des bovins, une diminution importante et progressive des récoltes de pommes s’est installée. Le phénomène a d’ailleurs été amplifié par l’arrachage subventionné pour « diminuer la production d’alcool », notamment en Normandie, les distillateurs qui mettaient au rebus leurs alambics touchant par ailleurs une « prime de rouille » ! Les professionnels ont alors décidé de créer une structure commune avec pour objectif de départ la création de vergers « sous contrats » généralement en basses tiges (c’est-à-dire productifs rapidement), composés de variétés sélectionnées par l’INRA (Institut National de la recherche agricole). Les producteurs de pommes recevaient une aide à la plantation, des conseils techniques et des possibilités de formation. Les prix étaient déterminés pour chaque saison, supérieurs (de l’ordre de 25%) à ceux de la pomme du tout-venant (une fourchette dépendant de la date de livraison incitait à livrer des fruits à maturité et permettait de réguler les approvisionnements). De nombreux producteurs ont souscrit dès l’origine (pour les cidreries Mignard un peu plus de 400 hectares ont été plantés en haute Normandie, en Seine et Marne, dans la Marne et dans l’Aisne). Par la suite, et surtout avec le regroupement des sociétés et le risque de récoltes pléthoriques, toutes les demandes n’ont pu être satisfaites. L’ANIEC a alors fait évoluer sa stratégie en soutenant la demande par des actions de communication collective en faveur du Cidre.

La présidence de l’ANIEC était tournante chaque année, entre un représentant des producteurs et un des cidriers. Je fus élu à deux reprises. Située rue Saint-Lazare à Paris, l’ANIEC était administrée par trois permanents : une directrice et deux secrétaires. Ce fût pour moi une expérience passionnante qui m’a permis de mieux connaître le fonctionnement du monde agricole, nouer des contacts avec les fonctionnaires de ministères comme celui de l’Agriculture, et pouvoir défendre nos dossiers auprès du service central de la répression des fraudes et du contrôle de la qualité, tout ceci servant sans aucun doute les intérêts de la cidrerie.

AICV

(Association Internationale des cidres et vins de fruits)

L’Association Internationale des Cidres et Vins de fruits regroupe les producteurs de cidre (France, Espagne, Angleterre, Allemagne, Belgique, Irlande…) et les producteurs de vins de fruits généralement élaborés avec des fruits rouges tels que les myrtilles et les baies (Finlande et autres pays d’Europe du Nord). Outre quelques réunions annuelles à Bruxelles, une assemblée générale annuelle se tient dans chacun des pays membres, la présidence étant tournante. Dans ce contexte, j’ai exercé la présidence pendant deux ans pour la France et organisé l’assemblée générale à Deauville. Si l’AICV est un espace de rencontre pour confronter des expériences et visiter des entreprises, elle est également un lieu d’étude des législations et de la fiscalité des pays membre, autant que de propositions pour les harmoniser au plan européen, tout en cherchant à conserver les spécificités de chacun. L’AICV dispose d’un bureau permanent à Bruxelles dirigé par un Secrétaire Général (rémunéré), le président étant bénévole.

Commentaire de Serge Mignard.

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