Lorsqu’on est chef d’entreprise il faut savoir assumer toutes les responsabilités inhérentes à la fonction, même si dans mon cas j’ai toujours été salarié sous l’autorité d’un président (Ariel Mignard, puis Gaëtan Monchovet et Michel Paître, sauf pendant une très courte période avec Pernod Ricard avant d’être « absorbé » par CSR Pampryl).
A Auffay j’ai été assigné au tribunal correctionnel de Dieppe pour pollution. Pourtant, l’eau de lavage des pommes était rejetée après être passée par 2 bassins de décantation dans la rivière « La Scie ». L’association locale de pêcheurs considérait que nos rejets constituaient une nuisance grave préjudiciable à la survie des poissons. J’ai donc été convoqué par le juge d’instruction auquel j’ai fourni des analyses pour la saison des pommes, époque à laquelle la pêche est fermée ! On n’a jamais vu non plus de poissons morts.
Toujours à Auffay, nous avons eu à déplorer un accident corporel et je fus à nouveau assigné. Pendant la campagne de fabrication, en fin de semaine, Roger Surplie avait confié à un jeune de 17 ans la tâche d’enlever le marc résiduel et de nettoyer la presse à vis « sans fin ». L’eau s’écoulant mal du tambour perforé, ce jeune ouvrier a essayé de déboucher un trou et la machine en marche lui a sectionné le doigt. Croyant bien faire, Roger avait confié au jeune une tâche moins pénible, mais il est interdit de faire nettoyer une machine pouvant être mise en marche à un mineur. Bien qu’étant à Bellot, j’en ai ris la responsabilité pour éviter d’impliquer Roger Surplie, le responsable technique du site d’Auffa. Après enquête de la gendarmerie, j’ai dû m’expliquer devant l’inspecteur du travail puis le juge d’instruction de Dieppe. Joker m’a imposé son avocat (également celui de l’Union Nationale des Jus de Fruits) qui était un homme ayant des relations notamment dans le monde politique mais assez éloigné de nos préoccupations quotidiennes. Il m’a assisté lorsque qu’ayant fait appel et je suis passé devant la cour du même nom à Rouen au milieu des malfrats menottés ! C’était l’époque des « juges rouges », lorsque Jean Lecanuet maire de Rouen était garde des Sceaux. La plaidoirie n’a pas convaincu le juge et je fus condamné ainsi que la société à une amende et, me semble-t-il, à de la prison avec sursis. Il faut savoir que le jeune était pupille de la nation et qu’on avait fait miroiter à ses parents adoptifs la perspective de toucher beaucoup d’argent s’ils déposaient plainte. J’étais confronté en la circonstance au Préfet.
Pour ce qui est de l’Armagnac non conforme détenu à Sainte Foy de Montgommery j’ai eu à répondre d’une soi-disant fraude qui incombait aux anciens propriétaires, lesquels avaient acheté une vigne dans le sud ouest. Mais puisqu’à Sainte Foy j’étais le mandataire social ! …
Commentaire de Serge Mignard.